Il y a des mythes qui fondent nos sociétés et, lorsqu’ils sont destructeurs, assurent la chute de ces dernières vers un gouffre qu’ils s’emploient à leur creuser. Parmi ceux-ci, un fondamental: le fait que la richesse des riches profiterait à tous, par cet effet tout à fait faux mais bien connu du « Trickle down effect » qui verrait les sommes exubérantes ruisseler du haut de l’échelle des privilégiés jusqu’aux aux plaines arides de la grande pauvreté, en passant par tous les échelons intermédiaires. Malheureusement, ceux qui entretiennent le mythe, dont font parfois aussi partie les mêmes qui n’en tirent aucun avantage, ont oublié de mentionner que, à l’instar du jeu de chute des dominos, la cascade stoppait parfois net en chemin… et même parfois après avoir à peine effleuré le deuxième domino.
Lorsque les litanies des « luttes » caritatives contre la pauvreté auront laissé la place aux combats subversifs contre la richesse, et donc que richesse et pauvreté auront pu se rejoindre dans une continuité conceptuelle – et donc que l’on en tirera inévitablement l’idée que toucher à l’une propage indubitablement un effet sur l’autre aussi durement que la loi de la gravité -, alors là seulement nous pourrons dire que nous avons avancé dans la question de la justice sociale.
Entretemps, à défaut de pouvoir clouer le bec aux thuriféraires de « réformettes » qu’ils brandissent comme des changements majeurs, alors qu’elles ne sont que des palliatifs des mesures drastiques qu’ils prennent ailleurs, entretemps donc on se nourrira des enseignements de Frédéric Lordon, qui à la menace constamment répétée devant les élans de taxations des plus riches nous disant qu’à 75% les riches alors partiront, nous répond à base d’arguments plus qu’efficaces: « Mais qu’ils partent donc, ils ne nous manqueront pas » (http://blog.mondediplo.net/2012-03-16-A-75-les-riches-partiront)
A.P