C’est la phrase mise en exergue par le quotidien Le Soir de ce 10 avril, citant le président-candidat Nicolas Sarkozy:
« Avec François Hollande, nous avons une différence fondamentale: il veut moins de riches, et moi je veux moins de pauvres »
Même un enfant comprendrait qu’à quantité de richesse définie, l’augmentation de la part des uns – la diminution de leur pauvreté – nécessite inévitablement la réduction de la part des autres – la diminution de leur richesse. Et que, a contrario, l’augmentation de la richesse de quelques-uns, par les réductions d’impôt, la mainmise actionnariale sur les entreprises, les paradis fiscaux, etc., orchestrée depuis plus de trente années en Europe (En Belgique, entre 1986 et 2007, le taux d’imposition de la tranche de revenus la plus élevée est passé de 72 à 50% ((Chesnais, F., Les dettes illégitimes, quand les banques font main basse sur les politiques publiques, Editions Raisons d’Agir, Paris, 2011))), ne peut qu’organiser la pauvreté du plus grand nombre.
Devant cela, il sera aisé de comprendre qu’il faille toutefois maintenir l’illusion de l’enrichissement possible pour tous. Ce n’est là que le pendant du mythe de l’absence de limite propre à nos sociétés. Le mythe de l’abondance pour tous trouve sa justification fallacieuse dans le mythe de l’absence de limite à la production de marchandises et à la ponction sur la nature qu’elle implique: le gâteau peut croître à volonté…
Soyons donc assurés que cette « réduction de pauvreté » évoquée aura peut-être lieu, mais d’une toute autre manière que celle qu’on imaginait.
A.P