La pensée et la réflexion profondes semblent absentes de cette société… mais ce n’est pas nouveau.
Alors qu’un employé de la Stib (société des transports intercommunaux de Bruxelles) se fait tuer lors de son service, les différents quotidiens, qui pour l’occasion voient l’achat de leur journal et la fréquentation de leur site augmenter, ce qui est bon pour le commerce, les différents quotidiens s’empressent donc de relayer les solutions à court-terme, ces méthodes palliatives qu’eux-mêmes administrent à leur lecteur sans cesse, et qui font fi des fondements sociétaux de cette violence.
On évitera d’offrir à la critique l’argument facile où l’on taxera celui qui tente de comprendre de défenseur de criminel, ce pourquoi on précisera de suite qu’essayer d’appréhender ne revient pas à apporter caution. Car tenter de comprendre – et non pas d’ excuser – extirpe du cas particulier pour aller vers des chemins d’analyses plus sociologiques, et donc nécessairement moins passionnelles.
A voir donc les fausses solutions préconisées, on pressent le cheminement progressif vers des sociétés policières, où l’on s’emploie d’un côté à tenter de juguler les effets des politiques que l’on préconise de l’autre. Ainsi, « La STIB s’est félicitée lundi soir des propositions formulées par le gouvernement fédéral et celui de la Région de Bruxelles pour renforcer la sécurité de son réseau ((Site internet de La Libre, 10 avril 2012)) », dont la principale: 400 policiers supplémentaires pour Bruxelles. Sans rejeter l’idée que ce fait soit lié à un quelconque dégénéré, on ne peut se départir de l’idée que la misère sociale qu’on nous prépare ira vers l’accroissement irrémédiable de ce genre d’incident.
Pour se le prouver, il suffit de percevoir ce qui se passe, et dont les médias nous parlent si peu, dans l’antichambre de la déflagration européenne: la Grèce. Dans ce dernier pays, depuis les mesures d’austérité imposé par la BCE, le FMI et la Commission, les violences intra-familiales, les suicides, les délits et violences sociales ne font qu’augmenter: « Des enquêtes épidémiologiques récentes montrent que l’insoutenable difficulté de la vie quotidienne, dans un contexte d’endettement personnel et de chômage, provoque « des troubles dépressifs majeurs, des perturbations et une angoisse généralisée ((citant une étude conduite de février à avril 2011)) » qui contribuent à expliquer l’augmentation spectaculaire du nombre de suicides. Selon des chiffres non officiels évoqués par les parlementaires, ces derniers ont crû de 25% en 2010 par rapport à 2009 et, selon le ministère de la santé, de 40% pendant la première moitié de 2011 ((Voir l’introduction au dossier du Monde Diplomatique de décembre 2011, « Les Grecs sous le scalpel »)).
Une fois arrivés à situation identique en nos pays, « nos » médias – et les syndicats faut-il le dire -, dont on pourra dire qu’ils auront activement participé à l’état des lieux tant ils se sont tu sur les possibilités de faire autrement, parleront-ils encore d’augmenter les policiers dans la rue?
A.P