Ce qui se prépare

Petit extrait édifiant : ((L’économiste Frédéric Lordon à la fête de l’humanité. Voir Là-bas si j’y suis))

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Sait-on vraiment ce qui se passe? Sait-on vraiment ce qui se prépare; ce qu’on nous prépare?

Devant l’optimisme béat des hommes et femmes politiques, la désorganisation critique organisée des médias, qui nous gavent d’inepties et de distractions superficielles, il est malaisé de percevoir… même dans la lumière.

La plupart continue implacablement leur rythme quotidien fait de transport-emploi-transport-domicile… sans suspecter nullement de ce qui menace; nous continuons nos activités pécuniaires, refusant parfois de nous rendre dans les lieux de contestation sous prétexte d’une autre activité… plus importante.

Mais devinons-nous que ces autres activités seront pour un temps annulées dès lors que le grand bouleversement qui se prépare, et risque de subvenir vu l’orientation prise par ceux qui nous gouvernent et participent de notre aliénation, nous contraindra d’accorder malgré nous la primauté à ce qui se passe?

Entre six et dix milles personnes à la manifestation des indignés du 15 octobre 2011 à Bruxelles…? Presque 11 millions d’habitants en Belgique. Est-ce le signe du manque d’information donnée sur l’événement de la part de ceux qui détiennent les moyens de communication et n’ont pas intérêt à ce que les choses changent? Évidemment. Mais ce n’est pas que cela. Le travail d’endoctrinement des mass medias ne se fait pas sur un jour et ne limite pas ses effets dans celui d’occulter une information dérangeante… les masses sont dressées, conditionnées socialement depuis le début.

Mais tout cela n’est au fond que le juste retour des choses d’un monde fondamentalement inique.  Depuis plus de 500 ans, l’Occident a saccagé des pays, massacré des humains, dominé l’autre à son profit. Et cette domination internationale n’a été que le pendant des dominations nationales de classe. Après l’esclavagisme et la barbarie coloniale, on a expliqué aux anciens « sauvages » qu’on devait les développer puisqu’ils pouvaient maintenant prétendre à atteindre un jour nos conditions matérielles d’existence; outre l’aporie de cette proposition qui niait que notre richesse reposait sur leur pauvreté, elle faisait également fi de la logique destructrice de notre « développement ». Peu se sont plaint du sort du « Sud » et en ont relevé sa logique profonde, préférant sans doute s’investir dans des projets de développement sans grand danger pour l’ordre établi; le petit noir famélique a été et demeure un instrument du discours et des pratiques de domination qui sert la continuité de cette domination. Il faut qu’il reste famélique dans l’ordre du système. Quoi que disent les discours.

Misère et famine ne sont donc pas nouvelles, on s’effraie juste dés lors que leurs prémices se font sentir chez un plus grand nombre; et les concernés, silencieux lorsqu’ils n’étaient pas concernés par le sort des autres, commencent à s’inquiéter du leur. Seuls ceux – ou majoritairement – dont les conditions matérielles d’existence les mettent déjà en position d’exclus de ce monde ou les situent dans la « catégorie à risque », et qui ont pris conscience de l’ordre du monde, ces sensibilisés pré-effondrement, qui ont moins à perdre de se mettre en défaut et de ne plus jouer le jeu du système, seuls ceux-là s’engagent et dénoncent. Les autres, encore à distance des premières ondes de choc, continuent comme avant… et pourvu que ça dure! « On répugne à changer parce qu’on redoute avant tout le tracas de se réadapter, qui suivra par nécessité tout changement ((Thorstein Veblen, Théorie de la classe de loisir, Editions Gallimard, 1970, p. 133)) ».

Une nouvelle voie s’ouvrira de la crise et non pas des – faux – remèdes qu’on lui administre, ceux-là même qui présagent d’une nouvelle crise; On se noie et on se raccroche à une bouée. C’est pourtant de la piscine qu’il faut sortir. « Si une nouvelle civilisation a quelque chance de voir le jour, elle ne sera pas le résultat de tous les changements entraînés par la mise en œuvre des nouvelles technologies, mais bien plutôt le produit de la crise ((Partant, F., La ligne d’horizon, essai sur l’après-développement, La découverte, 2007, p.50)) »… Les effets de la crise devront probablement atteindre des proportions inédites pour éveiller les consciences, au prix de l’indigence plus grande et de la mort de ceux qui ont déjà subi les affres du système. Mais plus loin elle ira, plus les chances qu’une nouvelle civilisation aboutisse seront grandes…

A.P

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