Sarkozy : Symbole d’un paradigme consensuel?

Alors que le tsar Nicolas étale sa richesse et ses relations privilégiées avec l’oligarchie française, que l’on a tous les outils à portée pour nous éclairer et nous dire à qui le président pense quand il se lève le matin, quelles puissances, qu’on croirait d’origine céleste, maintiennent le personnage en place ? Outre les structures du pouvoir et les collusions entre les sphères privée et publique, le culte de l’argent et la consommation ostentatoire, érigés en modèle par les mass médias et dont ce président « bling-bling » est le digne représentant, ne sont-ils pas de formidables générateurs de statu quo ?

L’ouverture au grand public de certains des couloirs des arcanes du pouvoir français est une nouveauté dans l’hexagone. La personnalisation de la fonction présidentielle et l’étalement de sa vie privée n’ont toutefois pas amené avec eux l’intronisation d’une nouvelle pratique mais répondaient à une offre médiatique qui avait déjà fait ses preuves. Voici, « journal » appartenant à Prisma Presse, premier groupe de presse magazine en vente au numéro (Géo, Femme actuelle, VSD, Cuisine actuelle…) avec 19 magazines à son actif, est le symbole de cette presse de divertissement qui vous « dit tout sur la vie des célébrités du show-biz ». « Drôle, impertinent, mais jamais méchant (y faudrait pas pousser non plus !), il dévoile la vraie vie des stars sans « fard » et sans complaisance ». Avec une diffusion approchant les 450.000 exemplaires, ses 4 millions de lecteurs lui assurent son succès. Et comme « les people étant aussi des consommateurs, comme nos lectrices, Voici consacre la moitié de sa pagination à des rubriques féminines, illustrées par les mêmes people. »

On se délecte, assurément! Mais c’est que pendant ce temps, qu’on n’oserait qualifier de perdu au risque d’être taxé de « méchant », on laisse le soin à d’autres de gérer la polis ; et ces autres s’en arrangent certainement. Ces apôtres de la démocratie représentative veulent bien que le citoyen aille de temps à autre aux urnes pour entériner leurs choix, car ils trouvent là une forme de légitimité à leurs pratiques, et se pavanent de l’argument démocratique qui leur laisse la bride sur le cou.

Mais sur le coup, comment l’atteinte de ces objectifs d’apparence opposés se rejoignent-ils dans un consensus sociétal, apparent lui aussi ? La presse ostentatoire, c’est-à-dire celle qui étale la vie des puissances de l’argent et cristallise les rêves frustres d’une majorité, n’a-t-elle pas des résonances inouïes dans nos esprits mammifères ? N’y en-a-t-il pas trop qui rêvent de devenir « scandaleusement riche» ((Un des slogans du Lotto. Voir notre recherche, particulièrement à partir du point IV, page 56)) …

A.P


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